©2010 Grégory Béal
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Alors Mère Tortue changea sa chanson et adopta un air vif et entraînant. La neige s’arrêta de tomber. Des petites fleurs percèrent le manteau blanc, les rivières se transformèrent en torrents joyeux, sautillant de rocher en rocher. Les arbres étirèrent leurs branches engourdies et les déployèrent au dessus de la tête des animaux. Mère Tortue chanta encore et de magnifiques couleurs se déposèrent sur les pétales des fleurs, sur la mousse au pied des arbres. Le ciel se para d’un bleu changeant et des nuages mauves. Le Castor applaudit : c’était exactement le terrain de jeux qu’il souhaitait !
Mais le Lion intervint :
- Ce n’est pas du tout ce que je voulais, moi ! Il ne fait pas assez chaud ! C’est mon rêve qu’il faut réaliser. Celui du castor est sans intérêt !
Et tous les animaux se mirent tous à crier en même temps : chacun avait des exigences différentes. Le Lézard voulait une chaleur intense pour caresser son dos, le Cerf avait envie de courir sur un tapis craquant de feuilles multicolores. Il fallait un manteau de pluie pour la Grenouille et un douillet nid de sable pour le Serpent.
- Du chaud !
- Du froid !
- De la neige !
- Du soleil !
Mère Tortue ne savait plus où donner de la tête. Quelle idée idiote elle avait eue ! Autour d’elle, c’était la guerre, et tout ça parce qu’elle avait voulu faire plaisir à ses amis ! Pour ne pas les voir se déchirer, elle se créa une carapace et rentra vite à l’intérieur.